Publié le Par Nella Chebbah
Dans Creed III, aujourd’hui au cinéma, le personnage d’Adonis Creed campé par Michael B. Jordan se voit contraint d’affronter les blessures de son passé lorsque Damian Anderson, un ami d’enfance joué par Jonathan Majors, refait surface et le pousse dans ses retranchements.
Quatre ans après la sortie du dernier opus au cinéma, Adonis Creed revient dès aujourd’hui sur le grand écran dans Creed III, pour le combat de sa vie. Face à lui, Damian, un ami d’enfance qui veut en découdre et récupérer ce qu’il estime lui appartenir. Le défi est autant sportif qu’émotionnel et Adonis fait ainsi son grand retour sur le ring afin de faire face à ses vieux démons et enfin aller de l’avant. A l’image de son personnage, Michael B Jordan a lui aussi dû affronter un challenge de taille, puisqu’il signe avec Creed III sa toute première réalisation, portant à la fois la casquette d’acteur, de réalisateur, mais aussi de producteur.
Adonis Creed, un champion rattrapé par son passé
La vie sourit à Adonis Creed qui, après avoir secoué le monde de la boxe en remportant le titre de champion poids lourd, a décidé de raccrocher les gants. Il n’a cependant pas pour autant quitté ce milieu qui lui tient tant à coeur. Maintenant propriétaire d’un club de boxe, le Adelphi, il s’est donné pour mission de pousser de jeunes athlètes sur les sentiers de la gloire à l’image de Felix Chavez, son dernier poulain vedette, tandis que Duke s’occupe de leur entraînement.
Du côté de sa vie personnelle les choses sont également au beau fixe puisque ses nouvelles activités lui permettent de profiter de tendres instants avec sa femme Bianca (Tessa Thompson), mais aussi de jouer les papas poules avec sa fille, Amara (Mila Davis-Kent), atteinte de surdité. Cependant, ce tableau idyllique s’assombrit dès lors que Damian Anderson (Jonathan Majors) ressurgit tel un fantôme du passé. Sa présence force alors Adonis à tourner les pages d’un chapitre qu’il a essayé d’oublier et à revivre ses traumatismes d’enfance.
Quand la boxe libère la parole
Dans Creed III, les combats sont plus psychologiques que physiques et prennent davantage place en dehors du ring qu’à l’intérieur, et c’est là que réside toute la force et l’intelligence de ce troisième volet. Ici, la boxe joue un rôle de médiateur, permettant aux personnages de parler avec les poings lorsqu’ils ne parviennent pas à s’exprimer avec des mots. De quoi les guider sur le chemin du pardon et de la rédemption. Le film ne retrace ainsi pas l’histoire de deux anciens amis devenus ennemis, mais plutôt de deux hommes habités par une colère et des émotions qu’ils tentent de dompter et dont le langage de prédilection est la boxe. Adonis est en proie à la culpabilité et remet en question sa légitimité, tandis que Damian court désespérément après le temps perdu, en quête d’un rêve qui s’est envolé depuis longtemps.
Bien qu’il ait un air de David contre Goliath, leur face à face final est plus un dialogue difficile, une remise en question, qu’un véritable règlement de compte. On le voit par ailleurs au travers du cheminement d’Adonis, dont les souvenirs deviennent de moins en moins flous au fil du film et à mesure qu’il prend conscience de — et d’une certaine façon accepte — la place et l’influence de ses traumatismes dans sa vie et son parcours. Tous les deux apprennent, ensemble, mais aussi chacun à leur manière, que leurs émotions, de par leur nature, ont à la fois le pouvoir de les mener sur le chemin de l’autodestruction ou de les rendre plus forts.
Creed III, un spectacle au service de l’émotion
La réalisation soignée et bien pensée de Michael B. Jordan ne laisse pas le spectateur de côté et l’emmène au plus proche des combats, lui donnant alors l’impression qu’il est présent dans le stade, des vestiaires au ring, au même titre que la foule acclamant les champions. Au-delà d’apporter une dimension spectacle au long-métrage, le côté immersif de la mise en scène nourrit lui aussi l’aspect plus émotionnel de l’intrigue, mettant alors en valeur le parcours psychologique des personnages d’une façon différente. A l’image de la boxe qui permet à Adonis et Damian de se parler, l’univers visuel des combats met en exergue les ressentis des deux sportifs et sublime leurs émotions à travers un affrontement final des plus shakespeariens.
Il va sans dire que cette nouvelle étape dans son histoire a marqué Adonis et l’aidera certainement à relever les nouveaux défis auxquels il pourrait se mesurer dans un potentiel quatrième film Creed.
Nella Chebbah
journaliste cinéma et série
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